Quelques vues anciennes de la fortification de Reims : de Jacques-Joseph Maquart (vers 1855) à Claude Chastillon (vers 1590)

1- 1855 : Maquart, au début de son Album des Remparts et des portes de Reims, page 3, a reproduit et aquarellé une célèbre petite gravure d’Édmé Moreau  pour débuter sa Notice historique
Lien vers l’album Maquart de la bibliothèque Carnegie

1635 : Le Pourtraict de la Ville Cité et Université de Reims, qu’ Édmé Moreau a « dessiné et gravé » (24×15 cm.) pour être publié dans l’ouvrage de Nicolas Bergier, « Le Dessein de l’Histoire de Reims »

Pour zoomer : lien vers un exemplaire numérisé du Musée des Beaux-Arts

1622 : « E. Moreau , Graveur en Taille douce, près le collège des bons Enfants », neveu de Claude Chastillon et venu de Chalons habiter Reims, a réalisé (fecit et excudit…) ce grand (47x35cm) Pourtraict au naturel de la Ville Cité et Université de Reims, en modifiant des détails topographiques de la plaque gravée antérieurement pour la vue d’origine de Chastillon…en particulier en faisant disparaitre le « Château de l’archevêque » (construit au-dessus de l’actuelle Porte de Mars antique)

Pour zoomer beaucoup le fichier de Gallica

Avant 1595 : Description de / Reims Ville Très Antienne et Magnifique L’une des Principales de la Gaulle Belgique par C. Chastillon /Chaalonnois 1645.

Pour zoomer beaucoup le fichier de la BMReims Carnegie

L’ingénieur et dessinateur Claude Chastillon (1547-1616, qui a été « topographe du roi » et a édité de nombreuses vues urbaines) avait réalisé cette grande vue à vol d’oiseau à la fin du 16e siècle : existait encore l’imposant château fort de l’Archevêque, construit sur les restes de l’Arc de Triomphe et qui n’avait pas encore été démoli, en juin 1595, par les Rémois et le Conseil de Ville grâce à l’accord d’Henri IV.

On a donc une remarquable vue de Reims et de tous ses remparts, avec au premier plan, la Vesle, sa navigation urbaine et ses jardins maraichers… et bien sûr toutes les façades et clochers des églises. Vers 1645, pour en faire un grand panorama (71×23 cm) deux cotés ont été ajoutés et raccordés à la gravure ; à droite un décor paysager et à gauche, le début d’un faubourg nord naissant montrant la chapelle du cimetière Saint-Hilaire et la route (romaine, le grand cardo urbain) vers Laon… Manquent, plus loin sur la route, les vestiges de l’amphithéâtre, que Chastillon a fait figurer sur une belle petite vue (18x11cm) prise des hauteurs de Saint-Geneviève (La Haubette) : voir en ligne


1619 : « Pourtrait de la Ville Cité et Université de Reims« . C’est « le premier plan de Reims », dessiné par Jacques Cellier, gravé sur cuivre par H. Picard de Chalons et imprimé par N. Constant (120×67 cm, en 4 feuilles). Il a été réalisé à la demande du Conseil de Ville, après le sacre de Louis XIII à Reims dès 1610 et après la mort de Chastillon en 1616. Contrairement à la vue des années 1590, le château de l’Archevêque n’existe plus et l’aspect topographique est bien plus réaliste et utile : un vrai plan où les axes et les rues (decumanus, cardo, place du Forum, la Couture, faubourg Cérès, etc.) sont nommées et montrent clairement l’organisation de l’espace urbain et les ilots ; on y montre aussi les terre-pleins des fortifications où des canons sont toujours bien visibles.

N. Bergier a été le syndic représentant le Conseil pour la réalisation de cette commande ; la dédicace du cartouche historique, savante et antiquisante, en bas à droite, est peut-être de sa main, avant qu’il ne publie l’Histoire des Grands Chemins de l’Empire Romain en 1622.

Voir la gravure fort zoomable de la BMReims Carnegie

Comparaison visuelle entre le plan « axonométrique » de J. Cellier et la vue « à vol d’oiseau » de C. Chastillon recadrée.

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En 1665, sous Louis XIV et après la Paix des Pyrénées, Jean Colin, gendre d’Edmé Moreau et à la demande du Conseil, a modernisé des détails du plan Cellier mais en modifiant les plaques de cuivre…Par ex. les canons ont disparu des remparts…Le cartouche historique est remplacé, côté gauche, par la louve allaitant Romulus et Remus. C’est le critère visuel rapide pour différencier le plan Cellier du plan Colin… Voir ce « second plan de Reims » suivant l’expression de Henri Menu, en ligne sur le site de Gallica

Pour en savoir plus sur le graveur rémois Jean Colin voir, sur le blog de J-P Fontaine, le « Bibliophile Rhemus », l’article dans Histoire de la Bibliophilie

Planche de détails : le puissant château fort de l’archevêque ou pas…
de gauche à droite : 1-C.Chastillon avant 1595 : le château fort avec une défense tournée aussi vers la ville..! .- 2-J.Cellier 1619 : « Place où estait le chasteau »avec 2 canons .- 3- E. Moreau 1622 : un canon sur la butte de terre et une légende Y explicative « plateforme sous laquelle est un autre Arc triomphal, orné de trois Arcades .- 4- J. Colin 1665 : le terre-plein du rempart va jusque la « porte mars » en passant sur les restes de l’arc de triomphe enfoui. Maquart à la fin du tour de ville dans son Album a bien illustré cette promenade au dessus de l’arc de triomphe et sous les combles de la « porte Mars » de la Renaissance avant sa démolition. Voir sur ce site l’article de 2013: Le rempart et les deux portes de Mars dans le quartier du Boulingrin actuel

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Des canons ou pas sur les remparts à la « porte murée de Saint-Nicaise »

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Quelques ressources documentaires supplémentaires :

  • Sur le site des Archives Municipales et Communautaires de Reims, de très nombreux plans et vues de Reims sont consultables et zoomables en ligne : https://fonds-archives.reims.fr/4DCGI/Web_DFRechGT/ILUMP17528 vous arrivez alors sur leur moteur de recherche, vous inscrivez dans la première case (notices contenant) : @plan de la ville de Reims@
  • Henri ,de 1904 à 1909, a publié trois études sur les premiers plans de Reims, consultable à la BMR Carnegie : le premier (J. Cellier), le second (J. Colin) et le troisième (le plan d’urbanisme de Legendre)…