Vu du Ciel, le TCReims : anciennes photographies aériennes de Reims rassemblées et observées pour l’étude du cas urbain du Tennis Club de Reims
10 juillet 2020
Depuis sa fondation et sa construction entre 1921 et 1923, ce club installé dans un ilot du XIXe siècle en bordure des boulevards extérieurs (de la Paix et Pasteur) de l’ancien rempart médiéval est un lieu de référence sportive et culturelle mais aussi topographique. C’est donc une opportunité de commencer à reconstituer une série de photographies anciennes de 1914 aux années 1950, les vues aériennes, actuelles, récentes ou fort anciennes étant beaucoup plus faciles d’accès et beaucoup plus nombreuses grâce à l’internet (Géoportail et » Remonter le temps » de l’IGN, Google earth, « atlas » en ligne de collectivités, etc.)
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Exemple de photographie actuelle mise en ligne par la Ville de Reims sur le site devenu reims.plan.interactif ; site maintenant étendu à tout l’espace de Reims Métropole. Photographie verticale transformée en image oblique 3D, un peu comme « à vol d’oiseau », vue du sud avec le nom des rues légendé.
Le site du TCR avec ses bâtiments dans son ilot y est très bien visible et compréhensible. Le journal L’Union a publié, et encore récemment, des reportages des quartiers de la ville avec vues aériennes, grâce maintenant à des drones, sous l’appellation : Reims vue du ciel. « Vu du ciel » est une série télévisuelle des années 2000 de Yann Arhtus-Bertrand, qui fait suite à son projet des années 1990 et à son gros livre exceptionnel La Terre vue du ciel. Il s’agissait déjà de photos obliques (en hélicoptère…) très parlantes, alliant une « écologie » descriptive de paysages mondialisés à l’esthétique germanique et moderniste « Formes et Couleurs », dans la lignée du photographe précurseur austro-américain, Ernst Hass, 1921-1986.
L’ attrait généralisé pour la photo aérienne en couleurs vient d’une dimension artistique plus « vraie » que l’art abstrait moderne et actuel. Voir d’en haut, surplomber, finir par bien se repérer dans l’espace et s’approprier des lieux, des monuments, n’est plus réserver à divers pouvoirs mais se généralise, en particulier par l’Internet. L’attrait pour le Patrimoine, l’archéologie, etc, dans son meilleur aspect, plus spatio-temporel et technique qu’esthétique, bénéficie de cette envie de voir du ciel. |
La série de photographies anciennes en cours de constitution
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1914-1921
Ce détail d’un plan-photo de Reims montre le boulevard Gerbert (devenu Pasteur en 1924)et le site du futur TCReims : le Jardin Luzanni.
C’est le premier document aérien d’urbanisme connu et complet pour la Ville qui a dû le commander avant la guerre…; daté « 1914-1921 » et réalisé par « l’entreprise de plan par la photographie aérienne » Marcel Chrétien à Paris et renommée pour ses travaux topographiques (un exemplaire est conservé à la BMR patrimoniale Carnégie, cote XXXIII V b2). L’image publiée montre, à gauche, beaucoupde bâtiments en ruines et sans toiture.
Pour l’ilot du futur TCR, au nord de la rue Lagrive, la photo montre bien l’allée en boucle ovale caractéristique du Jardin Luzanni… mais c’est après une destruction complète du parc cachant l’artillerie française que l’artillerie allemande a réussie seulement début 1918. Photo prise avant le décapage du terrain pour le vendre en aout 1921 à l’assocation naissante du TCReims( juin 1920-janvier1921)
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1914, juste avant la Grande Guerre
C’est une carte postale ancienne qu’Olivier Rigaud m’avait confiée : la prise de vue est datable de l’été 1914 et fait partie d’une belle série imprimée, peu connue, de 16 vues aériennes de Reims (une série conservée à la BMCarnegie). Le sud de la ville, les caves et le Parc Pommery sont particulièrement représentés dans ces vues signées « Photo Th. Hirt ». Peut-être une commande passée à un jeune photographe et imprimeur par les Polignac et la Maison Pommery.
1. À droite, vu ici devant le centre-ville et la caserne Colbert et la cathédrale s’étend, de part et d’autre du boulevard Saint-Marceaux, un paysage industriel typique de toitures en shed : usine textile d’Auguste Walbaum, Peignage des Anglais, etc.
2. On distingue les bâtiments des Magasins Généraux Luzanni devenus ceux d’Henri Walbaum alors associé à Albert Réville ; l’imposant mais résiduel Jardin Luzzani y apparaît mitoyen au sud : un parc très boisé et clos d’un mur.
3. La rue Lagrive a été ouverte, à la fin du XIXe siècle, sur les champs mais à l’angle du boulevard deux petits immeubles sont déjà construits en 1914 : les maisons Gruber et Massé toujours existantes. Photo aérienne rare à comparer au détail de l’épreuve de révision gouachée du Plan directeur de Reims au 1 /10 000e, réalisée en 1910 par les cartographes militaires et conservée dans les archives de l’IGN, à Saint-Mandé(5). |
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1929
C’est un détail d’une photo verticale de la premiére « mission » régulière réalisée au dessus de Reims et archivée à la Photothèque de l’IGN à Saint-Mandé ; les images de cette mission de 1929 sont accessibles en ligne et téléchargeables sur le site « Remonter le temps » qui complète le Géoportail.
Le nouveau club inauguré en 1923 y apparait bien visible en une sorte de damier entre le boulevard Pasteur traversant l’image et le triangle du terrain des Coutures qui est bordé au nord-est par l’avenue Clemenceau, inaugurée en 1930. On a une autre vision, plus cartographique, par rapport à la photo oblique de 1914, de l’importance des usines textiles.La photo- interprétation des images verticales devenait alors un outil militaire et urbanistique pour de grands territoires à mieux appréhender.
-Les 4 carrés des 8 courts découverts sont accessibles par une allée en croix venant du boulevard Pasteur, ; les toitures des deux courts couverts de Redont apparaissent bien le long de la rue de François en construction et qui ne débouche pas encore sur la rue des Coutures.
Le petit rectangle de la pelouse est seulement un gazon sans arbre ; la netteté de la prise de vue permet de montrer bien l’alignement du club- house avec sa toiture en terrasse et de la piscine à la demi-lune caractéristique, le long de la rue Lagrive. |
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1944-45
Voici un détail d’une photo aérienne inédite de Reims par un avion de l’US Air Force en 1944 ou 45. (Collection particulière, merci pour le fichier numérique de cette image)
1 – le hall de tennis des deux courts couverts construit en 1922 par Redont et, devant, les courts de plein air. Ces courts couverts ne sont pas encore démolis… Une dizaine d’années après, les « Courts André Schneiter » y seront ouverts, lieu mémoriel de la guerre et de la Résistance.
2 – caserne Jeanne d’Arc
3 – à gauche du terrain des Coutures, l’usine textile Walbaum |
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1949
Le détail, moins net que la photo de 1929, d’une autre mission aérienne régulière après la Seconde guerre mondiale. L’orientation différente de l’image et l’heure de passage permettent de voir d’autres détails.
L’ensemble du club apparait bien dans l’ilot avec une végétation qui s’est bien développée en particulier autour de la piscine et dans l’allée vers les courts 3 et 4.
<p « >Le hall des courts Redont semble être déjà démonté à cette date ; c’est le seul témoignage visuel de cet épisode d’après guerre, après l’occupation du club par les Allemands puis les Américains.En haut de l’image, le boulevard de la Paix et la caserne Colbert.
La mission IGN de 1949, comme la suivante de 1957, est consultable et téléchargeable sur Remonter le Temps. |
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1957
Sur le détail de cette mission, un changement important est la construcition qui vient d’être réalisée, par l’architecte et membre du club Jacques Herbé, des deux « Courts André Schneiter » (fusillé fin aout 1944 par les Allemands à la demande de la Milice) dont on voit très bien la toiture. |
Retour à des images « aériennes » actuelles, à des vues d’en haut, « à vol d’oiseau »…
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Vue aérienne oblique de 2002 prise d’hélicoptère
par Franck Poidevin, tennisman et photographe.
(page 91-93 de son livre Reims comme un oiseau, 2012)
Belle image très parlante qui a été utilisée pour un logo du club. |
Une des images 3D toutes récentes créées par Laurent Antoine pour restituer l’ancien grand plongeoir de la piscine de 1923. Sans hélicoptère ni drone, on peut obtenir une vue de ce plongeoir un peu mythique à vol d’oiseau ou même vue du dessus… c’est un atout important pour ce qui devient une forme d’archéologie expérimentale du sport des années 1920… |
Merci Franck et Laurent pour la qualité de ces images-outils. A l’occasion des Journées du Patrimoine 2020 (18-19-20 septembre) le Tennis Club de Reims, Art Déco Grand Est et le Rha collaborent pour restituer en images 3D et en maquette3D l’ancien plongeoir de la piscine de 1923.Voir les première images de Laurent Antoine sur la page Facebook « Art Déco de Reims et des Villes du Grand Est« |
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Notice terminée le 10 juillet 2020 – JJ Valette, collectif Rha et TCR
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